lundi 17 septembre 2012

TIC et médecine : LE TELEPHONE CELLULAIRE PERMET DE SAUVER DES VIES DANS LES VILLAGES RECULES


Télémedecine, internet, Côte d'IvoireLa médecine à distance, c'est possible. Et ce, grâce aux technologies de l'information et de la communication (TIC). Des traitements peuvent se faire partout où se trouve le patient. Mieux, la médecine à distance permet aujourd’hui d’apporter des soins aux malades dans plusieurs villages, même les plus reculés, de la Côte d’Ivoire. 


«Grâce au téléphone cellulaire, je suis l’évolution de l’état de santé de mon père qui vit au village», soutient le Dr Kouadio Daniel. En effet, le vieux Kouadio a plus de 80 ans et vit à Okabo, un village situé à une vingtaine de kilomètres de la ville de Dimbokro. Il souffre d’hypertension artérielle depuis plusieurs années. Il a besoin de contrôler sa tension artérielle de façon régulière et suivre le traitement qui s’impose.

Chaque semaine, le Dr Kouadio rentre en contact avec son père à partir du téléphone cellulaire. Ayant appris à son jeune frère à contrôler la tension de leur père, il fait avec lui, le point de l’état de santé de leur géniteur chaque fois et lui indique la conduite à tenir.

Et pourtant, cela n’a pas toujours été ainsi. En effet, avant l’avènement du téléphone cellulaire en Côte d’Ivoire, le vieux Kouadio se déplaçait très souvent à Dimbokro pour contrôler sa tension et prendre ses médicaments. Le vieil homme qui se déplace difficilement était obligé de mobiliser son fils et sa femme avec tous ce que cela entraîne comme dépenses.

En tout cas, il fallait louer un taxi brousse pour effectuer les déplacements. Une fois l’hôpital, il fallait payer les ordonnances médicales. «J’étais moi-même obligé de me déplacer de façon fréquente au village. Ce qui n’est plus le cas grâce au téléphone portable», explique Dr Kouadio.

Selon le Dr Kouadio, qui suit l’état de santé de son père depuis plus d’une dizaine d’années, les dépenses ont aujourd’hui, grâce à l’avènement du téléphone cellulaire, été considérablement réduites. Le vieux Kouadio ne va plus à Dimbokro. Lorsqu’il y a un médicament à payer, c’est son jeune fils Kouadio Nestor qui effectue seul le voyage.

Comme le vieux Kouadio, ils sont nombreux les patients des zones rurales du pays à bénéficier des soins par l’entremise des TIC.

C’est le cas de la petite Kouadio Sonia, 3 ans qui vit avec sa mère dans le campement de Oussoukro dans la sous-préfecture de Grand Béréby. Dans la nuit du 1 au 2 janvier dernier, le corps de la fillette chauffait. Elle grelottait et ne faisait que gémir. La mère, très paniquée, ne savait quoi faire, surtout que le dispensaire le plus proche est à 12 Km de là dans le village de Kako.

En plus, l’état de la route fait que les véhicules n’osent s’aventurer dans cette zone la nuit tombée. Les gémissements de la fillette et les pleurs de la… mère ont fini par réveiller toute la maisonnée.

C’est ainsi que le père de Kouadio Sonia, après avoir hésité un moment, s’est résolu à donner un coup fil à cette heure tardive de la nuit, à partir de son téléphone cellulaire, à son cousin, le Dr Kouamé Antoine. Il exerce en tant que médecin pédiatre au centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville.

Celui-ci dormait chez lui après avoir passé 2 nuits successives de gardes lorsqu’il a été tiré de son sommeil par l’appel de son cousin.

Dans un premier temps, celui-ci leur demande de prendre la température de la fillette. Il lui est expliqué que celle-ci a une température corporelle de presque 40° Celsius. Il demande alors plusieurs autres informations sur la fillette. Après sa consultation au téléphone cellulaire, le Dr Kouamé Antoine indique qu’il s’agit d’un cas de paludisme accompagné de fièvre.

Il était presque 1H du matin lorsqu’il indiqua les gestes médicales physiques à faire afin de faire tomber dans un premier temps, la fièvre et par la suite, avoir la conduite à tenir le jour suivant.
Sur instruction du pédiatre, l'enfant sera emballé dans une grande serviette mouillée à l’eau tiède pendant un certain temps.

Au petit matin, toute la maisonnée était étonnée de voir la fillette jouer dans la cour avec ses petits cousins. La fièvre était totalement tombée. De sorte que la mère n’a pas jugé utile de se déplacer avec sa fillette au dispensaire.

C’est son mari qui s’est rendu à vélo au dépôt de pharmacie à 20km de leur campement pour acheter les médicaments prescrits au téléphone par son cousin le Dr Kouamé Antoine.

Et pourtant, la veille, ce n’était pas évident de retrouver la fillette dans un tel état de santé le lendemain de cette forte fièvre. Ainsi, par le fait de la téléphonie cellulaire, la fillette a pu être sauvée à temps en bénéficiant des soins nécessaires pour se rétablir de son mal. Plusieurs infirmiers travaillant dans les villages reculés de la Côte d’Ivoire ont aussi recours à la téléphonie cellulaire dans le cadre de leur travail.

En effet, déployés dans des localités qui ne sont pas très souvent desservies par les véhicules de transport en commun, ils ont besoin de cet instrument de communication pour solliciter leurs différents collègues sur certains cas de maladies qui se présentent à eux.

Cela a été le cas de Mlle Mireille Atto, une jeune sage femme affectée dans un centre de santé rural d’un village de la sous-préfecture d’Agboville.

Elle travaille dans ce lieu avec un infirmier. Un jour où, l’infirmier s’est absenté du village pour des raisons familiales, la jeune dame a reçu en urgence un enfant de 8 ans pour une consultation.

Le bambin avait une fièvre peu élevée, un écoulement nasal, une fatigue persistante. L’enfant avait aussi des maux de tête, des douleurs articulaires et musculaires ainsi qu'un manque d'appétit. N’étant pas infirmière, et étant en face d'une telle situation pour la première fois, elle ne savait pas quoi faire.

Mais, la jeune dame n'a pas paniqué outre mesure. Sa première réaction a été de prend son téléphone portable pour appeler son fiancé qui, lui est médecin. Elle lui décrit la situation.

Celui-ci, lui demande de voir si l’enfant n’a pas de petits boutons contenant de liquide transparent sur son corps. Mieux, avec son portable elle prend une photo d’une partie du corps de l’enfant et lui balance par MMS.

Le médecin indique alors à sa fiancée que son petit patient souffre de la varicelle. Il lui indique la conduite à tenir. De sorte qu’après quelques jours de traitement, l’enfant était sur ‘’ses pieds’’.
Même, dans son propre domaine d’activité, Mlle Mireille Atto a recours à la téléphonie mobile pour éviter les complications à la naissance chez les femmes enceintes en échangeant avec ses collègues.

Dans le milieu rural, la téléphonie mobile se révèle particulièrement très utile pour limiter les risques de décès ou de complications au cours de l'accouchement.

Surtout qu’en pays rural l'accouchement à la maison est une pratique courante. La plupart du temps, cela ne nécessite pas l'intervention de professionnels de la santé.

Ainsi le téléphone portable sert dans des cas extrêmes à demander l'aide de la sage- femme du village le plus proche ou à organiser le transport de la parturiente jusqu'au lieu où se trouve du personnel soignant qualifié.
Le téléphone portable facilite aussi l'obtention de conseils médicaux, ainsi que la consultation de médecins lorsque des informations plus pointues sont jugées nécessaires.

Avec ce genre de prouesse, nombre d’observateurs ivoiriens du secteur de la santé publique n’hésitent pas à affirmer que les TIC permettent de briser l’isolement ‘’médical’’ des malades dans plusieurs zones rurales du pays.

 La télémédecine

Les Tic permettent également aux médecins ivoiriens d’avoir les avis et les conseils de plusieurs experts qui suivent des interventions chirurgicales à distance. Il s’agit de la télémédecine. Le champ d'action de la télémédecine part de l'ophtalmologie aux chirurgies digestives et autres…

« La télémédecine permet aux praticiens de communiquer en temps réel, d'échanger des informations scientifiques de façon synchronique », relève un chirurgien ophtalmologue du centre hospitalier Universitaire (CHU), le Dr Touré Ismaël. Avant de souligner que la télémédecine réduit de façon très considérable les nombreuses évacuations sanitaires des patients des pays Africains vers les hôpitaux de l’occident.
Au niveau d'un même pays, la télémédecine permet de limiter aussi les nombreux déplacements des médecins dans les zones très reculées du pays pour les différentes interventions.

La communauté médicale ivoirienne ne cesse d’égrener à qui veut l’entendre, les bienfaits de cette innovation. En tout cas, La télémédecine est très utile en Afrique où l'on compte souvent des centres hospitaliers en spécialisations réduits.

La chirurgie Assistée par Ordinateur (CAO) ou vidéo- chirurgie est une des révolutions de la médecine moderne qui condamne l'Afrique à emprunter ce train des technologies. La CAO est une technique opératoire qui consiste à aborder le thorax et l'abdomen par des voies mini invasives. On y introduit des sondes dotées d'une camera, d'un bistouri électrique et d'une petite lumière froide pour se repérer à l'intérieur de l'abdomen.

« Cette technique a de nombreux avantages. Pas de cicatrices énormes. Celles- ci disparaissent au bout de quelques jours », soutient Dr Anselme Sery, chirurgien au CHU de cocody.
La télémédecine permet d'employer les technologies disponibles pour transférer les données cliniques et les compétences médicales, plutôt que de déplacer les patients. Les TIC viennent ici en support à une démarche médicale classique en permettant de s'affranchir partiellement du temps et de l'espace.
Théodore kouadio
theodore.KOUADIO@fratmat.info

CRISE EN COTE D’IVOIRE : L’INTERNET A MAINTENU LE CONTACT ENTRE LE NORD ET LE SUD


« Cela fait presque 3 ans que je ne suis pas allé dans mon village, situé dans la région de Bouaké. Mais grâce à la connexion Internet, j'ai les nouvelles de mes parents restés dans cette zone ", a expliqué récemment M.Benoît Koffi, un cadre de l'administration publique Ivoirienne. En effet, M.  Ernest Koffi, le jeune frère de Koffi, est propriétaire d'un Cybercafé à Bouaké la deuxième ville du pays et principal fief des rebelles.

Malgré la situation de guerre  son frère est resté sur place pour tenir son commerce. Qui, selon lui, a connu un boom avec la crise armée. De façon quotidienne, Benoît Koffi reçoit de son cadet des nouvelles de la famille et de cette moitié du pays sous contrôle des Forces nouvelles. Comme M. Benoît koffi , nombre d'Ivoiriens qui ont leurs parents et leurs biens dans les zones assiégées de l'ouest, du centre et du nord de la Côte d'Ivoire ont pu maintenir des contacts permanents avec les siens grâce à la magie de l'Internet.

En effet, Avant le déclenchement du conflit armé du 19 septembre 2002 qui a scindé la Côte d'Ivoire en deux,  la radio et télévision Ivoirienne couvrait presque l'ensemble du territoire national. Le téléphone fixe et plusieurs réseaux de téléphonie mobiles desservaient le pays. Mais la guerre a beaucoup perturbé les différents réseaux. Chaque partie voulant gagner la guerre coûte que coûte a décidé de contrôler toutes les communications et la circulation des hommes et des biens.

De sorte que depuis 6 octobre 2002, la radio et la télévision publiques ont cessé d'émettre à Bouaké, et dans toutes les zones occupées. Les rebelles vont créer leur propre radio et télévision pour la diffusion de leur idéologie. Avec les différents combats dans les zones occupées au tout début de la rébellion armée, les réseaux téléphoniques fixe et mobiles, très sollicités par les populations en détresse et aussi par les forces en conflits, seront saturés ou simplement hors d'état de service. De sorte qu'il était quasi-impossible d'établir la communication entre les deux zones du pays .

Pour joindre les zones occupées et vice-versa fallait avoir recours aux moyens de communications ultra-performants comme les téléphones satellitaire . "  C'est  grâce à mon téléphone satellitaire que j'avais des nouvelles de ma famille restée à Man ", explique Gonto Mathieu, un cadre d'une entreprise multinationale. Avant d'ajouter qu'avec le système de " Tchat " sur Internet il échangeait aussi avec sa femme presque tous les deux jours. Seulement, la grande majorité de la population Ivoirienne, du fait, du coût élevé de cette forme de communication, ne peut y avoir accès. La connexion Internet s'avère alors comme l'unique moyen très efficace et à moindre coût pour maintenir de façon virtuelle le contact entre les Ivoiriens.
Les combats dans les zones occupées ont poussé la population la plupart des propriétaires des nombreux cybercafés des zones assiégées à fuir vers la partie du pays sous contrôle gouvernementale et les pays voisins en abandonnant  ainsi leurs biens.

" Avant la crise armée la ville de Bouaké comptait plus d'un million d'habitants et des milliers de cybercafé moyennement fréquenté. Les différents combats que se sont livrées les forces armées nationales et les forces rebelles dans la ville ont contraint beaucoup d'habitants à déserter la localité. " relève Koné Seydou, un gestionnaire de cybercafé à Bouaké .

Ainsi plusieurs cybercafés seront fermés. Les gestionnaires qui n'ont pas fui la guerre vont continuer d'ouvrir les leurs. " Curieusement c'est dans cette période que le nombre d'internautes a commencé à croître dans notre cybercafé " se souvient M. Koné . Avant  d'expliquer, sa clientèle est passée de 35 personnes avant la crise à 80 personnes par jour en pleine crise. " Alors que nous n'avions que 10 postes ordinateurs connectés. Certains passaient presque toute la journée dans le cybercafé " . Ernest Koffi ne dit pas autre chose quand il indique que son cybercafé , installé au quartier Air-France ne désemplissait pas de sorte que pour satisfaire le maximum d'internautes, il ont ouvert 24H/24H. Alors que l'heure normale  d'ouverture des Cybercafés dans la ville est de 8h et la fermeture à 20h Gmt.

Nombre de clients sont, selon les responsables des cybercafés, constitués de novices en matière d'Internet. Ils viennent se faire créer des boites électroniques pour recevoir des nouvelles du Sud du pays et aussi des parents à l'étranger. Certains lisent les journaux Ivoiriens et étrangers ou/et écoutent les télévisions et radios étrangères. En effet, Sur la quinzaine de quotidiens Ivoiriens, il y  a une bonne dizaine qui affiche sur le net. Et qui actualise de façon quotidienne le contenu de leur site web. Certains journaux Ivoirien font même du continu. C'est le cas du journal pro-gouvernemental FRATERNITE MATIN (www.fratmat.info) . A partir de sa rédaction web le journal actualise 4 fois par jour le contenu de son site. Et développe un système de dernière heure comme les agences de presse. Ce site a été tellement sollicité pendant les périodes chaudes que lors des derniers évènements sanglants du début Novembre le site web de Fraternité Matin a craqué. Les habitués, eux, viennent " tchater ".

Un nouveau type d'internaute a commencé a faire son apparition en zones occupées. Il s'agit des personnes du troisième âge et des populations rurales qui se sont déplacées dans les grandes villes. " Les personnes âgées et les populations rurales qui à priori ne se sentent pas concernées par les nouvelles technologies ont commencé à fréquenter les cybercafés . C'est le cas du vieux Tanoh Brou qui chaque matin se rend dans notre cybercafé situé au centre ville avec son petit fils. Celui-ci a crée une boîte électronique sur instruction de leur aîné qui vit en France.

Ainsi chaque jour ils viennent " Tchater " avec lui et lui donner les nouvelles du village.
Face à cette croissance d'internautes et l'accalmie sur les fronts militaires avec la signature du " cessez-le feu " et les différents accords entre les parties en conflit, nombre de jeunes et même des cadres retournés en zone occupée vont créer plusieurs cybercafés. " Il faut reconnaître que le retour sur investissement dans ce secteur d'activé est  très intéressant. Moi j'arrive à me faire facilement 1 million de Francs Cfa par mois. " souligne  Seydou Koné. C'est que , depuis le 19 septembre 2002 et ce jusqu'au mois de Mai 2005 les consommations  d'électricité, d'eau et de téléphone n'étaient plus facturées dans les zones assiégées. Alors que ces zones étaient toujours alimentées.
Ainsi les gestionnaires des cybercafés, n'avaient que pour unique charge l'abonnement chez les fournisseurs d'accès internet. Alors que la navigation est facturée à 500 FCFA par heure aux internautes.

Théodore Kouadio

mercredi 12 septembre 2012

Tic: Les Journalistes de Fratmat se forment à la création et à l'animation de blog

Un séminaire de formation d'une semaine sur la création et l'animation des blogs a été initié à l'intention des journalistes du groupe Fraternité Matin.

C'est le centre de promotion des nouvelles technoligies de l'information et de la communication d'Abidjan-Cocody qui a servi de cadre pour la formation.

Prenaient par à cette formation, Paul Bagnini du service sport (paulusport.blogspot.compaulusport.blogspot.com), David Ya du service économie (bexya.blogspot.combexya.blogspot.com), Landry Kohon du service société ( kohonlandry.blogspot.comkohonlandry.blogspot.com), Germaine Boni, chef service société (environnementsociete.blogspot.comenvironnementsociete.blogspot.com), Faz, du service sport (cahierinter.blogspot.com), Gooré Bi Hué du service économie (economieaffairegoore.blogspot.com).

Ecologie: 300.000 familles dans la psychose à Rufisque


Un plage à Rufisque

Trois villages de  cette banlieue dakaroise  ont été engloutis par la mer en 1991 et depuis lors, la vie est un cauchemar pour les rescapés qui redoutent une résidive.  Le gouvernement sénégalais annonce dans une date non encore déterminée, la construction d’une digue à 3,8 milliards cfa.
Rufisque est une localité située à 27km au Nord de Dakar.  Elle est peuplée d’environ 600.00 âmes  regroupes dans 300.000 famille à peu prés.
C’est avec un air peu rassurant, difficile à masquer, que Ndoye et ses deux frères, pêcheurs, apprêtent leur matériel de travail (filets et pirogues) sur l’une des rives de l’océan Atlantique. Sur cette  rive qui côtoie les habitations de quelques 600.000 personnes peuplant Rufisque, l’on peut voir, jetés à même le sol,  des bouteilles et surtout, des emballages en plastique contenant des excréments humains. Le manque de toilettes dans les anciennes maisons a transformé le bord de la mer en une fausse de défécation. Il faut y aller comme sur des œufs, car à la moindre inattention, c’est votre chaussure qui emporte le contenu d’un sachet noir contenant des selles soigneusement déposé au petit matin par un habitant de Rufisque. Les enfants ne se gênent guère. Ils se mettent à l’aise à leur guise ici.
La partie de pêche pour Ndoye et ses compagnons dure de 21h à 6h le lendemain.  Ndoye a décide de gagner sa vie en péchant du poisson. Et il ne s’était pas trompé puisqu’il pouvait avoir un revenu journalier de 10.000Fcfa à 20.000Fcfa.
Tout a changé  pour lui, comme pour d’autres pêcheurs. « Je ne m’en sors plus. Il y a des jours ou je ne reçois même pas 2000Fcfa. En plus, je suis oblige d’aller a 22km d’ici pour du mini fretin », témoigne-t-il ; la voix noyée dans les grands bruits des vagues.
Siliou Ba, un des responsables de l’Association des pêcheurs de Rufisque, un regroupement de 400 personnes corrobore les propos de Ndoye : «Les espèces halieutiques disparaissent. Il faut aller  dans l’une des Guinées, Bissau ou Conakry pour trouver du poisson.  Lui et ses collègues  lient ce phénomène aux mouvements de la mer, à son réchauffement et à la couleur de l’eau devenue rougeâtre«. 
Koumba Ndaye, mère et grand mère de 20 enfants, vit à Rufisque depuis 40 ans. Elle n’a pas l’habitude de rester au village a cause de son activité. Tôt le matin, elle achète du poisson auprès des pêcheurs, elle le fait fumer et va le vendre au marche de Rufisque. Mais ce mercredi 25 janvier, elle est auprès de sa famille. Elle a un souhait ; que le gouvernement fasse quelque chose pour leur trouver une nouvelle terre d’accueil et de nouvelles activités moins dangereuses. Mme Koumba avoue ne pas passer des nuits tranquilles sur la rive de la mer à Rufisque. Les bruits de la mer lui font craindre une autre catastrophe.  Elle doit surveiller  les enfants surtout lorsque les bruits des vagues s’accentuent.  Plusieurs occupants de Rufisque vivent dans cette psychose.
100 familles au moins ont été déplacées après avoir tout perdu. Maisons d’habitation, espace de jeu, mosquées, églises, écoles, etc, avaient été engloutis par la mer.
Personne à Rufisque n’ignore ce qui s’est passé dans leur village en 1991. Cette année-là  se souviennent-ils, la mer était entrée en colère. Elle est sortie de son lit et a englouti trois villages. Il n’y eut pas de pertes en vies humaines cependant,  100 familles au moins ont été déplacées après avoir tout perdu. Maisons d’habitation, espace de jeu, mosquées, églises, écoles,  etc. avaient été engloutis par la mer. Babacar   Ndiaye,  résident de Rufisque avait 15 ans. Il a vu ses amis partir du village pour un autre endroit située plusieurs kilomètres de Rufisque. Il relève que ces déplacés ne sont pas adaptes à leur nouvel environnement jusqu’ici  parce qu’ils ont été contraints de changer d’activité alors qu’ils avaient appris à pécher. Les habitants actuels de Rufisque sont exposés aux dangers de l’érosion côtière. Plusieurs maisons, construites en béton  sont en ruine. Les gravats tombent sur eux. D’autres cases plus touchées ont été abandonnées et servent de hangars pour des meuniers qui produisent la farine de poisson. La vie n’est pas de tout repos pendant la saison des pluies à Rufisque. Il faut lutter contre les eaux des pluies et celles de la mer qui envahit régulièrement  les maisons jusqu’à 20 mètres de la plage.  
Si ces habitants se consolent de n’avoir jamais eu d’épidémie de cholera, ils se plaignent de l’omniprésence du paludisme. Relais communautaire, Fatou Dieng  s’occupe de la sensibilisation sur l’utilisation de la moustiquaire imprégnée.  Cependant, elle dit que seules les femmes enceintes reçoivent gratuitement les moustiquaires et que les autres doivent payer 2000Fcfa a 3000Fcfa. Chose pas toujours aisée pour es populations, paupérisées par l’érosion.

«C’est une manifestation des changements climatiques«
Entretien avec Dethe Soumare Ndiaye, ingénieur des eaux et foret en service au Centre de suivi écologique
Certains experts prédisent le disparition de plusieurs localités à Dakar, situées en bordure de la mer, qu’en pensez-vous ?
Oui, s’ils le disent c’est à cause de l’érosion côtière  qui affecte la cote sénégalaise. De 1989  à 2009, nous avons enregistré la réduction des dunes, dues au phénomène naturel et à l’action humaine notamment, le déboisement et l’occupation anarchique des terrains.  C’est une manifestation des changements climatiques. Nous assistons aujourd’hui, à certains endroits, à l’élévation du niveau de la mer du fait des fontes glaciales. Parfois, il y a  baisse de ce niveau à d’autres endroits. La cote sénégalaise est bien menacée par l’érosion. C’est ainsi qu’un hôtel  situé sur la plage, et dans lequel les Lions de la Teranga  ont été logés avant le départ pour la coupe du Monde de Corée et Japon en 2002 a vu  sa terrasse engloutie par les eaux. La mer a  avancé de 20 mètres en un laps de temps.
Quelles sont les dispositions que prend le gouvernement pour résoudre ce problème?
L’Etat a lancé un projet de construction d’une digue de 750 mètres de longueur.  Les études ont déjà été réalisées. L’ouvrage va coûter 3,8 milliards de francs cfa. L’avis d’appel d’offre sera publié dans les prochains jours.
 En attendant…
Nous avons introduit une loi sur la gouvernance du Littoral récemment à la cour suprême. Une digue a été construite avec des rochers grâce au concours du génie militaire.
Propos recueillis per Adrienne Engono